la poésie mennuie

La poésie m’ennuie

La poésie m’ennuie, je hais les reflets mordorés
Ces mots qui font du bruit, les expressions édulcorées
Les clichés bucoliques qui font frémir les romantiques
Les pâquerettes, les colchiques dans les prés, verbiage pathétique

Petites fleurs et oiseaux ont droit à leurs odes, leurs sonnets
Princesses et damoiseaux, leurs sérénades aux balconnets
L’art se met au service des cucuteries du romantisme
En usant d’artifices, à grand renfort de conformisme

Quant aux poètes maudits qui se complaisent dans leur névrose
Leur litanie m’ennuie, qu’ils l’expriment en rimes ou en prose
Je respecte leur besoin, créer est une bonne thérapie
Attirer des témoins, solliciter notre empathie

Puis quand vient le talent, je baigne dans mes contradictions
Je ne fais pas semblant quand je partage leur affliction
Quand saigne le cœur de Brel, quand Ferré pleure avec le temps
Leurs mots me touchent, ruissellent, me pénètrent puissants, percutants

Je présente des excuses, demande pardon pour l’arrogance
Et c’est moi que j’accuse pour l’élitisme, l’intolérance
Bien sûr la poésie s’offre à chacun, est à tout le monde
Vanité, jalousie, l’égo des poètes nous inondent

Voilà pourquoi je tique, pourquoi je sombre dans l’exigence
Où toute œuvre artistique se libère de la complaisance
Pour l’un la poésie c’est fuir un réel morose ou sordide
Pour d’autres, elle contribue à voir la vie en face, lucide

Il en faut pour tout le monde alors créons, poétisons !
Que l’esprit vagabonde de l’orée jusqu’à l’horizon !
Pour moi la poésie, ça ne rime pas avec des rimes
C’est un état d’esprit, c’est un élan qui nous anime

Trotttrip, juin 2025