Abir et Smadar

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Abir et Smadar


J’ai dans mon cœur Abir, j’ai dans mon cœur Smadar
Elles auraient pu détruire les murs qui nous séparent
Elles sont venues au monde sur une terre dévastée
Pas à l’abri des bombes, nées pour se détester

Dans leurs livres d’école, on cultive l’ignorance
On divise, on isole, on loue l’intolérance
Elles n’étaient pas amies, le seraient devenues
Puis les voilà unies, inconnues, ingénues

Sur les pavés rougis de Jérusalem Ouest
Le corps de Smadar gît, victime d’un sort funeste
Sur les pavés rougis d’un coin de Palestine
Le corps d’Abir sans vie est l’écho d’une routine

Le sang de deux enfants a de nouveau coulé
A qui le tour ? Au suivant… La vie s’en est allée
Les familles ravagées font face à l’insensé.
Qui peut les soulager, ces cœurs blessés, cassés ?

La tristesse est immense ; elle côtoie la colère
Dedans, ça crie vengeance quand le cœur est en guerre
Représailles, punition, on exige un coupable
Pour la réparation d’un crime irréparable

J’ai dans mon cœur Rami, j’ai dans mon cœur Bassam
Deux pères et deux amis, l’un Shalom, l’autre Salam,
Ils sont venus au monde sur une terre dévastée
Pas à l’abri des bombes, nés pour se détester

Les pères de deux enfants arrachées, sacrifiées
Ont fait don aux vivants de ne pas se venger
By the power of pain, faire des ponts, pas des murs
Le pouvoir de la peine est une force, une gageure

Cette énergie puissante, l’intelligence du cœur
Est la voie non-violente que tous deux suivent en chœur
Unis, main dans la main, ils parcourent le pays
La bannière de l’Humain flotte dans leurs esprits

J’ai dans mon cœur Smadar, j’ai dans mon cœur Rami
Père et fille, étendards, preuves qu’on peut être amis
J’ai dans mon cœur Abir, j’ai dans mon cœur Bassam
Père et fille font fleurir le Shalom, le Salam

Le Bourget-du-Lac, le 15 avril 2025