Ben mon colon

Ben, mon colon !

Tes aïeux ont souffert dans une ambiance hargneuse
Ils ont vécu l’enfer dans une Europe haineuse
Ils ont voulu partir vers une terre moins hostile
Certains ont pu sortir des griffes du grand reptile.

Comme je comprends cette fuite ! Je compatis aux tiens.
Quant à ce qui fut ensuite, tu n’as pas mon soutien.
Avec l’argent des autres, l’Europe paya sa dette
La voilà bon apôtre, hypocrite, malhonnête.

Puisqu’il fallait une terre aux juifs persécutés,
Les rendre propriétaires d’un pays amputé,
Pourquoi ne pas choisir un bout de la Bavière
Plutôt que dessaisir un autre bouc émissaire ?

Comme il leur fut facile aux grandes puissances du Monde
D’offrir ainsi asile à ceux qui vagabondent,
En envoyant loin d’eux ceux qu’ils avaient haïs
En partageant en deux un bien lointain pays.

Ah, les belles nations, prétendument unies !
Généreuse donation du temps des colonies.
On les avait aimées et même portées aux nues
Fumant le calumet au siège de l’ONU.

Alors soit, pourquoi pas un mariage arrangé ?
Mais je vois que tu n’veux pas apprendre à partager.
On t’a donné une terre ; était-ce égalitaire ?
Mais dans totalitaire, il y a total et terres.

Alors tu veux le beurre mais ça ne te suffit pas
Tu veux l’argent du beurre et tu ne le paies pas.
Tu veux la vache, la ferme et les hectares autour
Le derme et l’épiderme, la peau et le tambour.

Alors tu te répands et tu prépares la guerre
Tu es un occupant, colon et militaire.
Cerné de barbelés, guirlandes permanentes,
Jouet manipulé par des voix aliénantes.

Dans tes livres d’école, on t’a menti très tôt
Les mensonges ça colle à l’esprit, à la peau.
Victime, on est d’accord, mais de la propagande
Endoctriné encore par tout ce qu’ils prétendent.

« Ils », c’est qui ? C’est flagrant. Ils ne sont pas virtuels
Ce sont les dirigeants de l’Etat d’Israël
Où règnent le racisme et la ségrégation
Où règnent le fascisme, la peur et l’oppression.

Plus qu’il ne te protège, ton mur t’isole, t’enferme.
C’est toi que tu assièges à court et à long terme.
Tu peux bien t’entourer de béton surarmé
Te voilà emmuré, prisonnier désormais.

Prisonnier de toi-même et de ta parano
Confiné dans la haine, t’es tombé dans le panneau.
Tu es bien ignorant des gens que tu méprises
Et c’est en conquérant que tu les tyrannises.

Ici tout est pensé, savamment ordonné
Pour séparer, visser ton esprit cloisonné,
Pour te laisser baigner dans l’ignorance de l’autre
Continuant à nier ceux qui ne sont pas des vôtres.

Moi je les connais bien, ces gens qui te font peur
Ils sont palestiniens, eux aussi ils ont peur.
Ils ont de bonnes raisons de craindre ta folie
Tu maudis leurs maisons, l’armée les démolit.

Et tu construis sans cesse des deux côtés du mur
Tu conquiers, tu agresses, captif de ton armure.
La nuit, tu dors avec, l’emportant dans tes rêves
Même dans ton monde high-tech, il n’y a pas de trêve.

Ce cauchemar contagieux, tu pourrais l’arrêter
En ouvrant grand tes yeux, cessant de t’entêter,
De nourrir tes clichés, cultiver l’amalgame.
Ce qu’on t’a rabâché est de nature infâme.

Il reste fatalement une part d’humanité
En toi profondément, une graine de dignité.
Elle ne germera pas au cœur de l’irrespect
Elle ne fleurira pas sur une terre occupée.

Faut-il que tu t’obstines ? Tu veux les voir mendier ?
La terre de Palestine, n’en prends que la moitié !
La terre n’est à personne ; nous lui appartenons
Avant que notre heure sonne, très humblement, semons !

Tu n’es pas éternel. Avant le grand départ,
Montre-toi fraternel et vas-y, fais ta part !
Colon, en t’entêtant, non, tu n’as pas l’estime.
Colon, allez, va-t’en ! Libère la Palestine !